Le Quatrième Mur

Un livre sublime est très bien construit. On y vit Antigone, on la redécouvre. Tout est fait pour être percutant : la construction des phrases, les événements et les personnes que l'on rencontre.

Tous nous touchent qu'importe leurs communautés ou origines, on voit dans ce livre l'humanité avant tout, même dans les horreurs de la guerre.

antigone - théâtre - guerre

TW : guerre, violences, viols, mutilations, explosions, meurtres, SPT

L'histoire commence comme l'Antigone d'Anouilh : on annonce une tragédie, un drame qui va se dérouler. On sait comment l'histoire va finir, quoi qu'il arrive ; mais cela n'empêchera aucunement la douleur.

Sam, un jeune grec, juif et anarchiste dans les années 70, a un rêve : faire jouer la pièce de théâtre Antigone au coeur même de Beyrouth alors que se déroule la guerre civile au Liban. Alors qu'il devient gravement malade, il partage son souhait avec George qui a lui aussi une âme militante. Au départ inquiet, sans en comprendre ni l'intérêt ni la raison qui pousse son ami à vouloir faire cela, il lui fait pourtant la promesse d'aller au bout.

La promesse est la suivante : apporter un instant de paix, un moment d'espoir au milieu de tous. Regrouper Antigone, la palestinienne, Créon, le chrétien, proposer à un chiite d'être le page d'un maronite... Tout ça, ça paraît impossible. Mais ce qui compte, c'est d'essayer.

Je n'ai pas réussi à lire le livre en une fois tant la réalité est dure à voir et les descriptions très graphiques de la guerre. C'est difficile, parce que c'est la réalité, mais se cacher les yeux n'y changera rien.

C'était un défi que de faire cette pièce de théâtre, certainement un défi d'écrire le livre, de vouloir mettre en commun toutes ces personnes au coeur d'un conflit pour les réconcilier l'espace d'un instant. Antigone était toujours là, sa tragédie, sa résilience, son courage.

Pourtant, on en connaît la fin.

Poignant ouvrage qui plonge au cœur d'un sujet tabou: les traumatismes des reporters de guerre, qui voient tout ce que voient les personnes souffrant la guerre, mais qui doivent garder une attitude de détachement vis-à-vis des potentielles marques psychologiques laissés sur eux par ce qu'ils sont vécu.

Une écriture sublime qui marque le cœur et nous plonge dans le tourment du personnage principal. On vit et respire avec lui, en espérant qu'il puisse panser ses blessures un jour.

J'ai lu ce livre pour un cours de littérature de guerre et par la même occasion je me suis lu un petit package des pièces Antigone d'Anouilh, et Œdipe Roi/Œdipe à Colone/Antigone de Sophocle. J'ai eu un peu de mal à m'accrocher au début avec la description du militantisme à Paris du narrateur et de ses amis, j'ai trouvé ça un peu long et surfait, mais j'ai beaucoup aimé le style d'écriture. Il était aussi un peu difficile de s'attacher aux personnages. J'ai mieux apprécié l'histoire une fois le héros arrivé au Liban. Il y a plus de rythme, plus de violences aussi, ce qui ajoute beaucoup de réalisme. C'était facile de se plonger dans la perspective de Georges, de tout découvrir en même temps que lui. Les nouveaux personnages étaient intéressants et je voulais savoir ce qui allait leur arriver. Le contraste entre guerre à Beyrouth et paix à Paris est très visible, ce qui nous pousse encore plus dans l'expérience traumatique du héros. Il y a aussi beaucoup de symbolismes très intéressants, notamment vis-à-vis de la mythologie grecque, on apprend beaucoup de choses sur ça, et aussi sur la situation politique au Liban, même si les cours m'ont permis de mieux appréhender les dimensions du livre. Par exemple en complément j'ai pu voir quelques interviews de Chalandon et des films sur le traumatisme de la guerre, j'ai trouvé que ça se reflétait vraiment dans le livre, certains passages qui me paraissaient exagérés sur la guerre m'ont semblé plus vraisemblables. J'ai beaucoup apprécié la fin tragique telle une pièce de théâtre, le déchirement du héros entre guerre et paix.

En bref, c'est un bon livre pour connaître la guerre du Liban, mais aussi parce qu'il est très bien construit et entraînant.

Avis de tempête...

Vous ne ressortirez pas indemne de cette lecture d'une violence rare et d'une humanité encore plus rare.

Face au déchaînement des haines, rien de tel que l'espérance d'un homme qui se meurt et qui croit corps et âme à son projet de pièce de théâtre au coeur de la Beyrouth meurtrie.

Antigone... C'est cette femme debout, la tête haute face aux règles absurdes des hommes.

Antigone... C'est la pièce que Samuel a choisi pour faire avancer la paix.

Sorj Chalandon est unique dans son style d'écriture. Il a cette capacité à nous faire ressentir les pulsions, les sentiments, les combats, les joies, les délires, les folies et les douleurs des protagonistes.

Que l'on soit à Belfast aux côtés des opprimés dans Mon traitre ou au coeur de la guerre au Liban avec Le quatrième mur, il nous prend par la main et nous guide sous les coups, les bombes et les insultes. Il nous protège.. à peine. Il nous tend un maigre bouclier pour nous laisser ressentir jusque dans nos tripes les affres des conflits et des combats.

La lecture de ses romans n'est pas confortable mais elle est une urgence ! Elle est un véritable coup de poing pour nous réveiller et nous inviter à avancer vers plus d'humanité.

"Plus jamais ça !"

J'ai l'impression d'avoir goûté plus amèrement à la guerre en lisant les lignes de ce roman qu'en regardant les nouvelles jour après jour.

Et en regardant à l'avenir mes jeunes élèves syriens, ukrainiens ou afghans, je me demanderai quel Samuel leur a tendu la main pour leur permettre de rester tout simplement humains.

A quand le Prix Nobel de littérature pour Monsieur Chalandon ?

Bouleversant !

Je n'avais pas été aussi touchée par un roman depuis longtemps. On ne ressort pas indemne de cette lecture...

Il m'a fallu passer les premiers chapitres avant d'être happée par l'histoire. Un roman très touchant, les passages sur Beyrouth sont d'une grande poésie, malgré le sujet et la violence du récit. C'était il y a 40 ans, c'était hier, c'est aujourd'hui... un récit poignant.

je n'ai pas du lire le même livre que vous. Non en fait j ai fermé définitivement page 45. Peut être que je n'ai rien compris ou que je n'avais pas la tête à ça

Au vu du quatrième de couverture je m'attendais à une belle histoire, pleine de positivité, d'optimisme et ce livre est au final tout le contraire. Il en est sans doute plus marquant, plus bouleversant. Néanmoins tout n'es pas parfait, le début est très long, j'ai failli abandonner tant j'vais l'impression qu'on aller jamais arriver à Beyrouth. Puis on y arrive et l'histoire est vraiment lancé. Là-bas la guerre est partout, elle plane toujours au-dessus de vous, les tensions sont constemment ravivés.

Les personnages sont tous très intéressants, leurs vision de la pièce, de leur personnage, la manière dont chaque camp perçoit Antigone.

La fin est choquante, vous secoue, on n'en sot pas indemne.

Un roman intéressant mais qui ne m'a pas énormément plu. Malgré le potentiel je n'étais pas une grande fan de l'intrigue et ça a été difficile de m'accrocher pour lire le livre jusqu'au bout